Le Touquet: retour mouvementé

F-GMXD, DR400 140B est réservé pour la journée, objectif: Le Touquet Paris Plage.
Allier l'agréable à l'agréable, voler bien sûr, mais également passer une journée au bord de la mer.
Dernière météo prise dimanche matin: le nord de la France est ensoleillé, la fin de journée sera pluvieuse sur la région Parisienne, mais les conditions de vol VFR semblent assurées.
Le vol aller se déroule sans problèmes, Pontoise, Beauvais, Abbeville puis l'intégration au Touquet par le point Sierra.
Le trafic se bouscule sur la côte d'Opale, nos amis grands bretons traversent le channel et arrivent en masse sur le continent.
J'arrive malgré tout à prendre la parole pour m'annoncer, la 32 est en service, avec une vent arrière main gauche au sud du terrain.
Les vélos ont été pris d'assaut, et c'est à pied que nous rejoignons le centre ville animé.
La ballade dans la "forêt" nous offre une vue imprenable sur les splendides villas du Saint Tropez nordique.
Moules frites, puis farniente au bord de la plage.
L'oeil aux aguets du pilote scrute le ciel, et constate que les conditions météo sont loin d'être celles annoncées.
Prudence de mise compte tenu de la couleur du ciel vers le sud, je décide expréssement d'écourter le séjour afin de regagner la base avant que le temps ne se gâte.
Nous profitons de la navette gratuite électrique pour retourner à l'aéroport, et préparons XD pour son second vol de la journée.
Moteur, ATIS puis appel de la tour: "F-XD, pour un vol retour vers Chavenay."
"XD la tour, nous venons d'avoir le contrôle de Chavenay au téléphone, ils nous signalent CB et grains violents sur le terrain, vous maintenez votre projet de vol ? "
Heu... Là, la matière grise passe en vitesse lumière, je me remémore les TAF et Metar consultés il y a quelques minutes sur mon Palm. Rien de tout celà n'était prévu, il doit s'agir d'un grain ponctuel qui aura fait de la route avant que je n'arrive à Chavenay.
"La tour de F-XD, nous confirmons notre intention de vol. En cas de dégradation, nous avons sur la route Beauvais et Pontoise pour nous dérouter."
Madame me jette un oeil interrogateur, mais je prends la décision qui me semble raisonnable compte tenu des éléments dont je dispose.
"XD roulez point d'arrêt piste 32 et rappelez prêts."
Et c'est parti, avec tous les sens en alerte suite au message du contrôleur.
Une fois en l'air, je mets le cap sur Abbeville, premier point de report.
C'est vrai que devant, ca n'est pas franchement engageant, je garde donc en permanence en tête mes possibilités de déroutement.
Abbeville est passé, direction Beauvais, 17 mn de vol. Au bout de 10 mn, la petite voix à ma droite me dit: "tu as vu, il pleut". Tu penses que j'ai vu ! Pour l'instant, les conditions de vol restent tout à fait correctes, même si la visibilité s'est sensiblement dégradé.
J'en profite en demandant la clairance à Beauvais pour leur demander les conditions météo: pluie intermittente, visibilité se réduisant... pas glop...
Et là, 3 minutes plus tard, la pluie redouble, le plafond descend vers 2000 ft.
L'eau frappe le pare-brise, rendant opaque l'horizon. J'ouvre les aérateurs de pare-brise pour dissiper la condensation, et l'eau s'écoule à l'intérieur de la verrière, pas terrible...
Je reste malgré tout en vue du sol, au dessus des barbules d'humidité qui se sont formées en dessous 1000 ft, ca se gatte...
J'enclenche le cerveau turbo: Abbeville est à 12 mn derrière et Beauvais à 5 mn devant. Pas question de faire demi-tour, trop risqué car je ne sais pas ce qui s'est passé derrrière moi.
Beauvais est tout proche, merci le GPS et n'en déplaise à ses détracteurs ! Si la situation empire, le contrôleur pourra toujours m'amener en finale.
Je reste calme, et je me dis que l'expérience de mes vols hivernaux de nuit en VSV (avec instructeur IFR je vous rassure) va peut-être être très utile.
Finalement, j'ai rapidement visuel sur le terrain de Beauvais. J'en profite pour demander les conditions sur Pontoise.
Elles sont identiques, mais en amélioration. En effet, passé le VOR BVS, la visibilité augmente et repasse au dessus du seuil d'inquiétude.
La pluie continue de tomber, Pontoise me maintient à 2000 ft et j'arrive sur la Seine, à 3 mn de l'écurie, ouf, sauvés !
Sauf que, virgule, il y a la Seine et la forêt de Saint Germain qui retiennent une belle grosse barre de crasse.
J'arrive magré tout en slalomant entre les barbules sur l'axe de la 23 à Chavenay, mais non sans mal.
Autorisé atterrissage 23, piste dégagée, et roulage au parking.
a - y - è ! On y est.
J'avoue que j'étais loin de m'attendre à de telles conditions, et je n'ai pas été le seul ce jour là, d'après ce que j'ai pu lire sur la toile.
Au delà de l'expérience que m'a apporté ce vol, cela a validé mon mode de navigation qui consiste à cheminer de terrain en terrain, quite à rallonger le trajet de quelques minutes.
Je sais en permanence que j'ai un terrain devant, et un autre derrière en connaissant précisemment le temps de vol et le cap pour les rejoindre en cas de besoins.
Ce fut un chaud dimanche de juillet, mais pas dans le sens où je l'entendais initialement !